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1Reçue à Grenoble, le 10 mars 1573.
2Monsieur, si la santé de ma jambe m’ut voulu parmetre d’aller la
3part où vous estes j’y fusse très volontiers alé tant pour vous
4baiser les meins que pour vous asseurer que ne commenderés
5iamais à homme qui de meilleur cœur vous fasse service
6que moy, m’asseurent que scavés comme l’ons m’a demis de ma
7charge, me guardera le vous raconter, mais vous diray que
8m’en vois retirer cheus moy d’où n’espère partir si ce n’est pour
9faire service à mes seigneurs don vous tiens des principaoulz.
10Vous me ferés s’il vous plait monsieur, cest honeur que de
11faire estat de moy comme d’ung de vos plus obeissens serviteurs.
12Je vous avois escript une feulle de papier pleine de
13novelles, mais j’ay trouvé que monsieur de Rousset par votre moien
14en scavoir de plus fraisches beaucoup que moy qui me
15les a faict descirer. Mais ni aient veu escript que
16monseigneur de Montmorency estoit alé trouver le roy à
17Seinct Germein, le vous ay volu dire je ne scai s’il
18suivra la court ou bien s’il retournera à Chantilly.
19L’ons avoit ung peu d’alarme à la court à cause que
20mes seigneurs de Longuerville et de Guise avoient comandé
21à leurs gouverneurs que tous les huguenotz eussent à leur
22proveoir d’armes et chevaoulz et leur en aller à La Rochelle
23encores bogé de leurs maisons, Cela donnoit ung peu de
25suspesson mais c’estoit ung bien peu ; aussi disoit on que
26Montgoumery estoit arrivé à Bellille en Bertagne aveques
27disehuit navires et avoir prins la ditte ille. Je vous puis
28[241v°] bien asseurer monsieur que l’Angleterre ne bouge au descouvert.
29L’ons a assalli ung ravelin à Senserre, mais n’a esté prins, eins
30i est mort une vinteine de soldas et de gens de nom. Le cappitaine
31Digory et le cappitaine Stefano d’Orbino blessé qui est fort bon soldat.
32L’ons ne laisse pour cela de continuer la baterie et crois qu’ilz
33la prandront. Ie ne vous dis rien de messieurs d’Evènes et de
34Laval encores que i’aie sceu du dousiesme du passé qu’ilz ce
35portoint bien pource que j’ay veu qu’en aviés du quatorsieme.
36Monsieur ie vois suplier Dieu qu’il vous deint en très
37parfecte santé, très heureuse et très longue vie. De Loriol
38ce sisiesme mars 1573.
39Votre très humble soldat et très
40affectioné serviteur
41c[apitain]e Lille
42Je desirerois bien que monsieur
43le président Truchon receut mes
44très humbles recommendations.